Impressions de voyage au Sud-Caucase : Arménie, Géorgie

Après le voyage…

Impressions de voyage au Sud-Caucase : Arménie, Géorgie

mardi 10 juin 2008

Un voyage touristique de douze jours autour des deux capitales, Erevan et Tbilissi, et sur la route pittoresque qui les relie, nous a donné quelques impressions intéressantes sur ces deux pays, leur différences et leurs points communs : c’est cette vision personnelle et très subjective que nous vous invitons à partager.

1 – Deux pays d’anciennes traditions chrétiennes, toujours vivaces depuis 17 siècles malgré les tentatives d’éradication musulmanes (Perses, Arabes, Turcs ), puis communistes : si les soviétiques ont rasé les trois quarts des églises dans les capitales, il en reste de fort anciennes dans les campagnes, ainsi que de nombreux vénérables monastères dans des fonds de vallons en général, ou sur des pitons. Malgré les difficultés financières, de belles églises neuves ont été récemment édifiées, dont une superbe cathédrale à Tbilissi, et certains des monastères sont remis à neuf . Ces lieux de culte sont très fréquentés, en particulier par les jeunes, multipliant les signes de croix, les baisers aux icônes, les génuflexions, et bondées lors des messes (spectacle devenu bien rare chez nous !).

2 – Deux langues originales, différentes pour des populations faibles ( 3 et 5 millions d’habitants), avec des alphabets spécifiques (39 lettres pour l’arménien !). En conséquence, les films, presque tous étrangers, ne sont pas sous-titrés, ou bien ce sont des films sous-titrés en russe que passent les télévisions. Il y a quinze ans, le russe était enseigné dès l’école primaire,aujourd’hui, l’anglais devient la première langue des collèges ! En Géorgie où l’hostilité à l’égard des Russes se nourrit de mauvais souvenirs et des menées sécessionnistes de quelques régions périphériques, les panneaux routiers sont en cours de modification : l’alphabet latin y remplace le cyrillique !

3 – D’énormes ruines d’usines hors service et de tours de logements dont la construction est arrêtée depuis 1991 : un gâchis économique considérable. Nos guides nous expliquent que les immeubles étaient mal construits, et ne respectent pas les règles anti-sismiques ; et que les usines n’étaient pas rentables : elles fabriquaient des sous-ensembles de matériels pour toute l’Union Soviétique, qui étaient réunis ailleurs, sur les directives du Gossplan de Moscou. Plus personne ne se préoccupait du marché, ni ne savait vendre ce qu’il produisait…

4 – Une remise en état laborieuse et coûteuse de l’immobilier : des taudis voisinent avec des immeubles très modernes, quelques restaurations historiques de qualité à Tbilissi (maisons avec balcons de bois ouvragés) et dans une ville touristique à l’est de la Géorgie, chère au Président : Signaghi. Partout, les tuyaux de distribution du gaz courent sur le sol et franchissent les entrées et les rues en hauteur Les chaussées sont en général bonnes, mais parfois inégales ; la signalisation est soignée, mais pas toujours en alphabet latin ; il y a une intense circulation dans les deux capitales, mais peu de trafic à la campagne.

5 – L’Arménie n’a aucune relation avec la Turquie et l’Azerbaïdjan : le génocide de 1915 reste vivace dans les esprits, d’autant plus que s’y est ajoutée l’occupation par les Turcs de l’accès à la Mer Noire que le Traité de Sèvres avait promis aux Arméniens. Le problème du Haut-Karabakh, état autonome à l’est de l’Arménie et qu’elle soutient, bloque toute relation avec les Azéris musulmans, pourtant riches de pétrole.
Par contre, l’Arménie a de bonnes relations commerciales avec la Russie, qui assure une protection militaire discrète, et avec l’Iran où habite toujours une modeste communauté arménienne.

Rappelons l’importance économique de la diaspora arménienne (dans 36 pays, particulièrement en France et aux Etats-Unis), qui représente une population double de celle de l’Arménie : fidèle à ses racines, elle apporte une aide décisive au redressement de la mère-patrie.

6 – Pour le tourisme, il y a beaucoup d’églises et de monastères à visiter, ces derniers dans des sites agréables et spectaculaires, des forteresses, de belles montagnes, un grand lac en Arménie, et la vue du Mont Ararat…qui se trouve en Turquie, volcan double bien enneigé à dix kilomètres de la frontière et qui jaillit à 4.000 mètres au dessus de la plaine. Par contre on n’a guère vu la chaîne du Caucase (3.000 à 4.000 mètres) qui sépare la Géorgie de la Russie, toujours couronnée de nuages et de neiges.

Un point de géographie qui n’a pas été tranché : est-ce le Caucase qui fait la limite entre Asie et Europe ? Non dans l’esprit des Arméniens et Géorgiens qui se considèrent tout à fait comme Européens : le drapeau bleu aux douze étoiles jaunes flotte partout, et des timbres « EUROPA » sont émis chaque année.

Dans chacun des deux pays, nous avons apprécié des guides charmantes, compétentes et parlant un excellent français appris à l’université locale. De bons hôtels, et des repas excellents dans la tradition locale : une foule de plats pour les entrées (semblables aux mezze libanais ), puis quelques plats de viande ou poisson ; mais bien peu de bœuf ou mouton dont on a vu pourtant de nombreux troupeaux.

En conclusion, des pays attachants, des populations fières de leur civilisation Européenne qu’elles affirment face au Proche-Orient musulman.

Bernard Ducongé,
Groupe X-Provence