OBSEQUES DE GEORGES LACROIX
TEMOIGNAGE DU PRESIDENT DU GROUPE X PROVENCE
Merci à Mané de m’avoir demandé de prononcer ce témoignage sur notre Camarade et ami Georges LACROIX, en ma qualité de Président du Groupe des Polytechniciens de Provence depuis une douzaine d’années.
En effet, lorsque je suis arrivé à Marseille en mars 1 971 pour prendre la direction de la Société d’Equipement de la Ville, je fus accueilli par mon ancien de 16 ans, Georges Lacroix, qui, Directeur des Services Techniques Municipaux, était mon donneur d’ordres ou plutôt de directives : il fut effectivement mon guide dans les diverses opérations d’urbanisme que nous avons lancées et conduites ensemble pendant quatre ans : la rénovation de l’îlot Sainte Barbe à la Porte d’Aix, la ZAC de Bonneveine où nous nous trouvons, les premiers parkings souterrains et bien d’autres zones comme la Valentine.
De son bureau que l’Impératrice Eugénie lui avait construit au Pharo, il dominait les entrées des ports, mais il connaissait aussi tout en détail sur cette ville étendue et complexe, il la gérait techniquement avec le parfait bon sens qu’il associait à ses compétences d’Ingénieur en Chef des Ponts, et il assurait les interfaces avec les élus, dont Gaston Deferre n’était pas le plus facile. Je me souviens de sa réponse alors que j’attirais son attention sur les pentes vierges des collines au dessus des tuileries dans les quartiers nord : « Ducongé, si nos ancêtres n’y ont rien construit, ils avaient de bonnes raisons, ne touchons pas à ces terrains argileux ! « : c’est là que fut construit plus tard l’ensemble commercial Grand Littoral qui a connu tant de coûteux déboires.
Georges a vécu le développement de Marseille pendant 40 ans, ce dont les Marseillais, et surtout leurs édiles, peuvent lui témoigner une vive reconnaissance; aussi, lorsqu’une exposition a présenté, il y a quelques mois, ce que fut l’urbanisme local dans cette seconde moitié du 20ème siècle, je suis allé lui montrer le programme sur son lit d’hôpital : il regretta fort de ne pouvoir s’y rendre, mais incita avec autorité son épouse Mané et son fils à aller la visiter. Parmi les ouvrages marquants auquel il a contribué, je citerai en exemple la couverture du Jarret, la corniche et son parapet surbaissé qui permet de contempler la mer, la création des plages du Prado avec les déblais du Métro, la station de traitement des eaux usées et le détournement de l’Huveaune, le début de la seconde rocade, pas encore achevée 42 ans plus tard ( ! ), etc …
Il devint Inspecteur Général des Services Techniques, anima l’association des Directeurs Techniques des villes de France, puis accomplit diverses missions d’assistance en Europe, comme par exemple, les problèmes d’alimentation en eau de Tirana, la capitale de l’Albanie : il découvrit ainsi qu’il y avait tant de branchements sauvages sur les 80 km de conduite que n’arrivait en aval qu’un mince filet d’eau !
Quand je suis revenu en Provence en 1 986, j’ai retrouvé Georges au groupe des X de Provence dont il fut un membre assidu, avec son épouse Mané, manquant fort peu de réunions et appréciant aussi les voyages et croisières que Jean-Pierre Grima puis moi ont organisés depuis 20 ans ; chose étonnante pour un manager comme lui, il me disait trouver agréable de suivre les excursions préparées par ses camarades sans qu’il y mette ses idées, et je ne me souviens pas qu’il en eut critiqué un aspect, même lors d’inévitables incidents.
Dans nos réunions, il était un conteur infatigable sur les histoires de sa longue vie professionnelle, depuis sa découverte des premiers magnétophones de Grundig saisis lors de la campagne d’Allemagne avec la 2ème DB de Leclerc, jusqu’à la construction du tunnel sous le Vieux-Port, chantier qui restait, je crois pour lui, son morceau de bravoure, un exploit technique remarquable d’ailleurs ! Il ajoutait sur le premier sujet que, dans son rôle d’officier des Transmission, il eut à rédiger des bulletins d’information pour le Général Leclerc.
Aussi, lorsque j’imaginais, dans mon rôle de Président du Groupe X, de demander à nos Camarades de nous conter des évènements particulièrement intéressants et amusants de leur vie, Georges fut le plus important contributeur à écrire ces nouvelles, de l’implantation des bornes frontières avec l’Espagne dans les Pyrénées Ariégeoises à la création d’une station d’épuration géante souterraine à coté du Stade-Vélodrome, ouvrage dont il nous organisa d’ailleurs la visite.
Nous venons ainsi de perdre un ami très cher et soucieux du respect des autres, un homme généreux, discret, de grand talent et d’une gentillesse appréciée. Mes Camarades, nos épouses et moi-même assurons sa famille de toute notre affection.
Notre Camarade Jean CORDIER, qui n’a pu être présent ce matin, a écrit à Mané : « il va nous manquer : j’appréciais la simplicité et l’ouverture de son amitié, sa compétence modeste, sa patience didactique pour se faire comprendre de ses auditeurs. Il m’a beaucoup appris, et je lui en suis reconnaissant. Il était un grand ingénieur humaniste plein de bonté au service de l’intérêt de la communauté et de l’Etat. Son savoir faire faisait accepter de tous son autorité naturelle : j’en ai recueilli des témoignages dans diverses sphères, qu’il en soit récompensé ! »
Bernard DUCONGE, Président du Groupe X Provence, 21 août 2 013.